Échiquier
Allez, je continue sur mes atlas tous neufs de l'ouest américain. Je parlais dimanche dernier des grands espaces vides, ou presque - mais je n'ai pas évoqué la question de qui l'administre et qui l'utilise. Parce que malgré tout, on y fait de l'élevage, avec certes des concentrations de bétail extrêmement faibles, et d'ailleurs strictement réglementées.
À noter que les droits de paturage ne corresponde pas forcément (et correspondent même rarement) à la propriété de la terre ; d'ailleurs, une part importante de ces terres font partie du domaine public. Domaine public, ça veut juste dire que ce n'est pas de la propriété privée, mais ça peut correspondre à une douzaine de statuts différents, suivant que la terre dépend d'une réserve indienne, du Bureau of Land Managment, du U.S. Forest Service, du Bureau of Reclamation, de l'État, de l'armée, sans compter parcs nationaux et réserves naturelles... Du coup, l'atlas de l'Arizona - qui a une bonne moitié de son territoire en Public Lands - double les cartes topographiques par des cartes du statut des terres. Et ça donne quelque chose comme ça :
Arizona Road & Recreation Atlas, carte au 1/400 000, page 70, Benchmark Maps, 2004.
Taille de l'extrait : 8 cm, soit 32 km.
Centre de l'image : 34°56,5'N, 110°18'W.
Au nord de l'image, c'est assez simple : c'est la grande réserve navajo, la plus grande du pays, bien connue des lecteurs des polars de Tony Hillerman (on les a tous). Mais en bas, ça se complique : les petits carrés ne sont pas là pour décorer mais représentent bel et bien des statuts différents : quelques enclaves navajo autour de Black Butte, des zones de wilderness du Bureau of Land Managment (en jaune) et des terres de l'État d'Arizona (en bleu). Le reste, en gris clair, ce sont des terres privées. C'est le résultat de ce qu'on a appelé le checkerboarding, le découpage en damier : pour financer la construction des lignes de chemin de fer transcontinentales (on voit en bas à gauche un bout de la ligne de l'ancien Atchinson, Topeka and Santa Fe, qui relie Chicago à Los Angeles) mais aussi pour encourager la colonisation, un acte du Congrès divise les terres « vides » en un damier dont les cases feraient un statute mile de côté ; la moitié des cases restent publiques, les autres sont mises en vente. Évidemment, pour compliquer les choses, la partie publique des terres a été par la suite partagée entre de nombreuses administrations, qui parfois se partagent la même case du damier. Les situations juridiques crées sont souvent inextricables, on s'en doute.
Une fois de plus (et ce pourrait être la devise de ce blog), il y en a, des choses, sur une carte, quand on regarde bien !
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