Farewell
La pointe sud du Groenland se nomme cap Farewell. Farewell, ça se traduit par Bon voyage, ce qui dans un des coins les plus périlleux de l'Atlantique Nord est loin d'être assuré. Périlleux, parce que le courant peut y être violent - jusqu'à trois nœuds, dit ma carte, ce qui est énorme. En plus, ce courant a la particularité de descendre le long de la côte Est du Groenland, la plus froide, pour remonter ensuite le long de la côte Ouest : il charrie donc, même en été, de grandes quantités de glaces de mer, avec parfois en passagers involontaires des ours blancs. Les ours polaires que l'on voit épisodiquement dans le Sud-Ouest du Groenland arrivent donc du sud et non du nord. Ça ne les rend pas moins dangereux d'ailleurs.
Les environs de Julianhåb et du cap Farewell, Admiralty Chart 235, Davis Strait and South East Part of Baffin Bay.
Taille de l'extrait : 11,7 cm soit 278 km.
Centre de l'image : 60°29' N, 45°05' E.
Cette carte : c'est une de celles que j'avais commandées il y a quelques jour, la carte de l'Amirauté britannique couvrant notamment la côte Ouest du Groenland. Une carte à l'ancienne, avec profondeurs d'eau en fathoms et gravures annexes représentant le paysage côtier de certains passages clés. Carte cependant parfaitement à jour : la dernière correction en a été publiée le 9 septembre 2005 dans les Notices to Mariner de l'UKHO (United Kingdom Hydrographic Office).
Pourquoi je l'ai achetée, cette carte ? Pas pour naviguer, vu que mon brave voilier, bien que répondant à un nom groenlandais, ne serait pas à son aise dans les bergibits et les ice floes. Pour la regarder, tout simplement. Me rappeler de navigations passées. Et de galères, aussi : au fond d'un fjord, vous trouverez Nassarssuaq ; on y trouve un aéroport international, non marqué sur la carte. C'était sous le nom de Blue Jay l'une des escales des avions américains se rendant en Europe pendant la deuxième guerre mondiale ; c'est maintenant l'un des deux aéroports internationaux du pays, ainsi que l'une des bases principales de la patrouille internationale des glaces. J'y ai passé quelques jours dans une cabane en construction, en attendant un avion pour rentrer en Europe, complètement fauché. De vrais vacances, quoi...
Heureusement que même au Groenland il y a le téléphone, tiens.
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