Cartes sur table

Le Plume : département des cartes et plans

21 janvier 2005

Pays d'amis

J'ai fait le compte : j'ai à peu près 120 cartes pliées dans ma boite à cartes, sans compter les cartes marines (qui sont à bord du bateau) non plus que les atlas, ni les cartes non pliées (dans un grand carton à dessin). On peut classer ces cartes en deux grandes catégories : d'une part les villes ou pays où je suis allé et dont les cartes m'ont effectivement servi à m'orienter (sauf bien sûr si j'ai acheté la carte après coup -- ça c'est vu) ; d'autre part les cartes de pays où je n'ai jamais mis les pieds et où je n'ai pas particulièrement l'envie de me rendre, cartes achetées pour compléter des lectures (les marais de la Sangha par exemple) ou par simple curiosité (genre, le lac Tchad).

Il y a tout de même une catégorie intermédiaire : les pays des amis. Dont on m'a parlé, avec des images et des souvenirs dans les yeux, tant et si bien que ce n'est plus tout à fait un pays abstrait sur la carte, ou un pays qu'on ne connait que par des lectures ou, pire encore, des films ou émissions de télévision.

Ces pays d'amis, je les regarde sur sur la carte et  je sais que pour eux ces montagnes ou ces routes sont des trajets, des paysages, de la vie.

Alors, en cette période de fête pour les musulmans, un petit cadeau pour une amie à qui ce blog doit beaucoup et pas seulement des commentaires réguliers :


Carte touristique du Maroc, 1:1 000 000, IGN, 1996.
Taille originale de l'extrait : 15cm, soit 150km.
Centre de l'image : 32°30'N, 1°30'W.

Voici Figuig, aux portes du désert, à la limite du Maroc et de l'Algérie, ville berbère et point d'escale sur la route historique des caravanes longeant les contreforts sud de l'Atlas. Mais ce n'est pas moi ici qui peut en parler le mieux.

15 janvier 2005

Terrain

Beaucoup de cartes sont belles, et pas seulement les plus anciennes. Mais parmis les plus spectaculaires, sans aucun doute, les cartes géologiques du bureau de recherches géologiques et minières et leurs couleurs à la fois vives et harmonieuses, fonction de la nature du sol : des verts pour le crétacé, bleus pour le jurassique, violets pour le trias ; orange pour les roches volcaniques, sépia pour les dépôts du tertiaire ou du quaternaire... une histoire de la Terre, tout en couleur.

J'ai choisi un extrait aux couleurs modestes, mais représentant un lieu maintenant familier aux habitués de ce blog : c'est en grande partie là que mes fabricants de canons récoltaient et préparaient leur minerai.


Carte géologique de la France à 1/50 000, feuille 710, Montbron, 1985.
Taille originale de l'extrait : 10cm, soit 5km.
Centre de l'image : 45°35,8'N, 0°28,5'E.

En bleu, des clacaires du Callovien et de l'Oxfordien, de la bonne pierre de taille, sans le moindre soupçon de minerai ; celui-ci ne se trouvait que dans les dépôts plus récents, peu épais, qui apparaissent en beige sur la carte. Un ingénieur des Ponts et Chaussées du XVIIIème siècle reprochait aux Angoumoisins leur peu d'empressement à creuser des galeries de mine pour exploiter le fer, laissant entendre que, vu la richesse de ce qu'on trouve à la surface, s'ils n'étaient pas trop paresseux pour creuser, les résultats seraient époustouflants. Sauf que si on creuse, on arrive tout de suite dans les terrains "bleus", et ça ne rendrait rien du tout.

Bon, il a une excuse : il n'avait pas la carte du BRGM.

09 janvier 2005

La bande de Caprivi

Voici une rubrique que j'avais envie de créer depuis longtemps. J'aime les cartes, j'essaye d'en ramener d'un peu partout où je vais. Alors, de même que ce weblog était né de l'envie de partager mes photos, cette rubrique va essayer de faire partage ce goût.

Ce sera donc mon petit département des cartes et plan : anciens, récents, de tous les continents, je vous donnerait de petits extraits de cartes  pour montrer leur diversité. Pas forcément des coins où j'ai été, pour le coup : je dois reconnaître que j'ai vu plus de cartes que de pays ! Chaque entrée sera illustrée par un carré de 480 pixels de côté extrait d'une carte : ce ne sera donc pas une carte, mais une illustration de carte.

Histoire de commencer par un coin où je n'ai franchement pas mis les pieds : la bande de Caprivi, au nord-est de la Namibie.


Extrait de Hildebrand's Travel Map 32, Southern Africa, 1996.
Taille originale de l'extrait : 21 cm, soit 525 km.
Centre de l'image : 17°16'S, 23°22'E.

Au nord, ce sont les plaines inondables du Zambèze, en Zambie. Au sud, le delta de l'Okavango et le désert du Kalahari, au Botswana. A l'est, les chutes Victoria, a la frontière de la Zambie et du Zimbabwe, les deux anciennes Rhodésies. Et le territoire à la forme pour le moins exotique au milieu, c'est la bande de Caprivi, du nom du général allemand qui succéda Bismark à la chancellerie allemande, signataire d'un accord anglo-allemand de partage de l'Afrique. L'Allemagne obtenait par se traité un accès au Zambèze grâce à ce minuscule corridor (25 km de large) tracé dans des zones qu'on connaissait à peine -- ce qui n'empêchait pas de se les partager.

L'accès en question se révèlera sans le moindre intérêt, à part de faciliter jusqu'à aujourd'hui le travail aux trafficants multiples et variés. Mais sur les cartes des chancelleries européennes, ça devait paraître tout à fait judicieux.

Moralité : se méfier des cartes. Et des diplomates.

[ N.B. : cette rubrique est la première à être complétée par mes pages persos. Cf. http://le.plume.free.fr/cartes/. A terme, chaque rubrique aura ses pages.]