Cartes sur table

Le Plume : département des cartes et plans

21 septembre 2008

Les ingrédients d'une carte, 3 : une légende

Entendez-vous dans nos campage mugir ces féroces soldats ? Ce sont des géographes ; leur cri de guerre : pas de carte sans légende !

Une carte, c'est fait pour rassembler sous forme graphique des informations sur un espace donné ; une partie non négligeable de ces informations est donc rendue par des éléments graphiques : couleurs, lignes, flèches, ombrés, points, typographie, pictogrammes variés... Le décryptage de ces éléments n'est pas forcément évident, ni sans ambiguité ; même si des conventions existent, elles ne couvrent pas nécessairement tous les types de carte, et rien n'empêche une carte donnée d'en user autrement. Un exemple simple : colorier les plans d'eau en bleu. Certes, mais sur les cartes marines aux normes internationales, le bleu, quand il est utilisé, couvre seulement les eaux peux profondes (moins de dix mètres, généralement) ; le reste est blanc, et les terres sépia. Ça ne va pas sans dire - et c'est la légende qui le dit.

La légende : une reprise des différents éléments graphiques employés, séparés les uns des autres et explicités chacun par quelques mots de texte.

Où la mettre ? Essentiellement - où l'on peut. De préférence tout d'un seul tenant, à l'exception souvent des teintes hypsométriques (les couleurs indiquant l'altitude) qui peuvent atterrir sur le côté, comme une échelle bis. Sous la carte, ou à côté (comme sur les cartes géologiques au 1/50.000 du BRGM, où la légende n'est pas loin de faire la même surface que la carte), ou bien dans un coin ; sur un rabat, pour les cartes pliées ; au dos, si besoin : pas très pratique, mais une fois que l'on est familiarisé avec un type de cartographie, pas besoin de regarder la légende en permanence.


Ouvrage 1D du SHOM, édition n°2 (1996), page 14, section IC, « détails topographiques naturels ».

Il peut arriver aussi que la légende soit physiquement séparée de la carte. Les cartes marines, par exemple, présentent une telle variété de données, qui doivent pouvoir être déchiffrées sans la moindre ambiguïté par le navigateur, que la légende fait l'objet d'un fascicule édité séparément : l'ouvrage 1D du service hydrographique et océanographique de la Marine, Symboles et abréviations figurant sur les cartes marines françaises, qui fait tout de même une centaine de pages au format 19×27... Il débute, comme il se doit, par un page de description de la présentation de l'ouvrage : une légende de la légende, donc.

Grâce à cet ouvrage, et à l'extrait que j'ai inclus ici, je saurais désormais distinguer, sur mes cartes marines, les différents types de végétation côtière que je pourrais être amené à rencontrer : eucalyptus, filao, palmier nipa ou casuarina - tous fréquents en Bretagne Nord, j'en suis sûr. À noter d'ailleurs que les cartes marines pliées à l'usage du plaisancer comportent une légende abrégée, au cas où précisément le plaisancier n'aurait pas sur lui l'ouvrage 1D. Dont je recommande au passage l'acquisition, pour un prix modique, à tous usagers de cartes marines et, plus généralement, à tous les amateurs de cartes.

Épisodes précédents :

  1. Un découpage
  2. Une échelle
  3. Une légende

27 août 2008

Les ingrédients d'une carte, 2 : une échelle

Entre le découpage et l'échelle, c'est la poule et l'œuf : pour une taille de papier donnée, la taille du morceau de terre que je vais représenter, et donc le découpage, dépend de l'échelle - et inversement.

L'échelle : c'est une fraction, le rapport entre les distances telles qu'elles sont représentées sur la carte et les distances réelles. Comme sur les bonnes vieilles cartes Michelin au 1:200.000 qui précisaient en couverture, pour l'usager qui n'aurait pas la bosse des maths, 1cm pour 2km. Graphiquement, la représentation de cette proportion sur la carte elle-même prend généralement la forme d'une barre graduée ou, à défaut, d'un segment correspondant à une seule graduation. Sur ces graduations sont inscritse les distances réelles correspondant à la distance représentée, dans l'unité que l'on préfère. Est-ce cette représentation qui nous a donné le terme d'échelle ?


Carte aéronautique au 1:1.000.000 de l'Afrique australe, feuille ICAO 3177 (Livingstone), publiée par le CD:SM (Afrique du Sud) : delta de l'Okavango, Botswana.

Évidemment, si vous avez plusieurs unités préférées, il faudra ajouter plusieurs barres : on a ici, pour respecter les conventions aéronautiques, trois barres d'échelle : en kilomètres, en milles nautiques et en milles terrestres. Les graduations vont de dix en dix avec, à gauche du zéro, de petites graduations noires et blanches indiquant les unités. Ainsi, on pourra facilement reporter à ces barres une distance mesurée sur la carte, par exemple avec un compas à pointes sèches, et obtenir sa distance sans faire de calcul - pratique si on est en train de piloter un coucou au dessus de la savane du Botswana. Prière de ne pas jeter sa bouteille de coca par la fenêtre.

À noter que l'échelle (la fraction et sa représentation graphique) suppose que la proportion entre les distances réelles et représentées soit une constante sur toute la carte. Ce qui est nécessairement faux en raison de la sphéricité de la terre (ou, si l'on préfère, de la non sphéricité des cartes) - mais dans la plupart des cas, la différence est non significative. Il n'empêche, le navigateur soigneux reportera ses distances non pas sur une barre d'échelle mais sur la graduation des latitudes le long d'un méridien, le plus près possible de la zone qui l'intéresse : une minute de degré le long d'un méridien vaut un mille nautique ; le sceptique pourra comparer, sur l'exemple, les graduations de la barre du milieu avec les graduations de latitude sur le bord de la carte.

Une autre question, que j'avais soulevée à propos de découpage : celui de l'unicité de l'échelle au sein d'une série de cartes. C'est l'usage chez les éditeurs de cartes que de publier, pour un territoire donné, une série de cartes couvrant la totalité de ce territoire à une certaine échelle. C'est le cas chez nous des séries bleues, oranges, vertes de l'IGN ou de la série jaune Michelin ; c'est le cas aussi des cartes sud-africaines que j'utilise beaucoup ici. Mais ce n'est généralement pas le cas des atlas, qui représentent d'une page à l'autre des pays très différents entre eux ; c'est rarement le cas des séries de plans de villes, pour la même raison. Pour les cartes marines, tous les cas de figures existent. Bref : ça dépend.

P.S., 21 septembre : je trouve à l'instant dans la notice des cartes du BRGM cette jolie explication délicieusement surannée, que je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager :

La carte est une image réduite du territoire vu du ciel. L'échelle d'une carte est un nombre (fractionnaire) par lequel on multiplie la distance réele sur le terrain pour obtenir la mesure de cette distance représentée sur la carte. Ainsi, à l'échelle 1/50 000, deux clochers de villages éloignés en ligne droite de 5 km, soit 5 000 m, seront représentés sur la carte avec un écart de 5 000 × 1/50 000 = 0,1 m ou 10cm.

Épisodes précédents :

  1. Un découpage
  2. Une échelle

10 août 2008

Les ingrédients d'une carte, 1 : un découpage

Je commence ici une petite série sur les fondamentaux de la cartographie : n'ayant aucune compétence particulière pour en parler, il est bien naturel que je m'y emploie. N'est-ce pas la logique même des blogs et autres wiki ?

Premier problème de la cartographie : la feuille de papier a des dimensions finies alors que l'objet représenté (notre bonne vieille terre) est, lui, infini. Bon, techniquement, pas complètement infini, je suis d'accord, mais (1) la taille de la feuille est négligeable au regard de la taille de la terre - et, sauf pour des échelles extrêmes, la taille de la zone couverte est relativement négligeable aussi ; (2) je me suis laissé dire que la terre était à peu près sphérique, ce qui veut dire que, dans quelque direction que l'on parte, on pourra continuer droit devant indéfiniment. Non sans difficultés, j'en conviens.

Bref : la cartographie papier nécessite que l'on définisse à l'avance les limites de la zone que l'on va représenter sur une feuille donnée. Faire des cartes, c'est découper.1 Là, deux possibilités :

  • Si l'objectif est d'assister l'utilisateur dans ses déplacements, on va essayer de découper un morceau qui correspond à une zone de déplacement. C'est le cas des cartes marines, des plans de villes et, parfois, des cartes routières.
  • Si ce qu'on veut, c'est produire un portefeuille de cartes couvrant intégralement un territoire à une échelle donnée, le plus simple, c'est de fixer un carroyage : on découpe la zone en rectangle plus ou moins grands suivant l'échelle retenue, et voilà : un petit rectangle = une feuille.


Maps of Sout Africa, Index of the maps published by the Chief Directorate: Surveys and Land Information, Mowbray, Western Cape, janvier 1997 :
cartes topographiques au 1:50.000.

L'institut géographique national français utilise cette méthode pour sa couverture globale du territoire au 1:50.000 et 1:25.000 (série orange ou série bleue), en utilisant - en hommage sans doute aux inventeurs du système métrique - un découpage basé sur les longitudes et latitudes exprimées en grades et centigrades. Son équivalent sud-africain2 en fait de même, en utilisant un découpage en degrés.

Dans ce cas précis, l'unité de base du système fait un degré de côté dans les deux sens, ce qui dans les latitudes concernées en fait un rectangle un peu plus haut que large ; chaque case porte le nom des latitudes et longitudes du coin supérieur gauche. Par exemple, ici, la case comportant Caledon et Hermanus (34°S, 19°E) s'appelle tout naturellement 3419.

Ensuite, tout dépend de l'échelle de la carte. Pour les cartes aéronautiques au 1:1.000.000, chaque feuille fait six cases sur quatre ; pour les cartes au 1:500.000, c'est quatre cases par deux, la carte portant le numéro correspondant à son coin supérieur gauche ; deux cases par feuilles pour les cartes « topo-cadastrales » au 1:250.000. Pour les cartes topographiques au 1:50.000 (l'exemple ci-dessus), chaque case est couverte par seize cartes, sauf zones côtières ; on utilise donc un système de lettres, A, B, C et D désignant les quadrants nord-ouest, nord-est, sud-ouest et sud-est.

Ainsi, l'exemple de Rodonné l'autre jour vient de Robin Island la feuille couvrant le quadrant sud-est (D) du quadrant sud-ouest (C) de la case 3318 (à l'endroit du N final de Cape Town sur l'image ci-dessus) : c'est la carte 3318CD. Et celle du Gamkaskloof que je vous avais montré il y a quelques temps venait du quadrant sud-ouest du quadrant nord-est de la case 3321, donc : 3321BC. C'est tout simple. De toute façon, j'ai déjà super mal à la tête, donc autant me venger sur les autres.

Notez qu'un tel système est susceptible d'aménagements, par exemple quand une feuille serait composée au trois quarts de mer - il ne s'agit pas de cartes marines, après tout. Ainsi, autour de la ville du Cap, les cartes au 1:250.000 sont pivotées, plus longues dans le sens nord-sud que dans le sens est-ouest, alors que c'est généralement l'inverse : on peut ainsi se rapprocher d'avantage des contours côtiers. En plus, ça évite de découper en deux la ville du Cap, qui est traversée par le 34e parallèle. Notez que l'IGN n'a pas ces pudeurs : les cartes de la série orange couvre un rectangle de 0,2gr de latitude par 0,4gr de longitude, mer ou pas mer ; la 0714, que je connais bien (Perros-Guirec) est donc composée en grande majorité de bleu.

Autre adaptation possible de ce système : faire un découpage en rectangles de tailles identiques, mais avec recouvrement. C'était le cas autrefois des cartes routières Michelin au 1:200.000 et des cartes IGN au 1:100.000. Inconvénient du système : recouvrement ou pas, le trajet qu'on fait tombe toujours entre deux cartes et, en plus, on n'arrive jamais à retrouver comment ça se raccorde. C'est je suppose pour cela que Michelin a sorti ses cartes régionales, couvrant une aire beaucoup plus grandes, au prix de gymnastique parfois scabreuse quand on est dans une petite voiture pour trouver le bon pli. Et que l'IGN a sorti ses cartes départementales, qui ont un avantage énorme : les Français pensent le territoire en termes de département ; si on va en vacances dans le Tarn, c'est plus intuitif d'acheter la carte du Tarn que de se demander s'il faut prendre la carte Mende-Rodez, Montauban-Cahors ou Albi-Toulouse. Par contre, du coup, on renonce au principe de l'unicité de l'échelle au sein d'une série de cartes : difficile de mettre la même échelle pour la Gironde et pour le Territoire de Belfort.

Tout ça pour dire qu'une carte, ça commence par un découpage. Et pour l'amateur de carte, l'avantage, c'est que du coup il faut des cartes pour représenter le découpage des cartes !

1 La cartographie électronique ne change pas ce problème, elle permet seulement de le dissimuler.

2 Le Chief Directorate: Surveys and Mapping, dépendant du Department of Land Affairs du gouvernement sud-africain.

Épisodes précédents :

  1. Un découpage

20 juillet 2008

The Island across the Bay

Après plus d'un an de sommeil, il fallait bien une occasion de réveiller ce weblog. Ce sera les 90 ans de Nelson Mandela, que l'on fêtait vendredi dernier.

Oh the sea is cold and the sky is grey
Look across the Island into the Bay
We are all islands till comes the day
We cross the burning water
Johnny Clegg & Savuka, Asimbonanga, 1987.

En fait de brûlante, l'eau, dans le coin, c'est plutôt celle qui arrive directement de l'océan glacial antarctique, déviée vers le nord par la pointe du cap de Bonne-Espérance. Ça en fait un garde-chiourme plutôt efficace - de même qu'à l'autre bout du pays les lions du Kruger Park valent tous les gardes-frontières.


Robbeneiland, Carte d'Afrique du Sud au 1:50.000, feuille 3318CD (KapStaadt), SA CD:SM.

De ses 25 ans à Robben Island, Mandela est revenu avec une sagesse politique et un sens du compromis rare, ainsi qu'un goût prononcé pour les chemises bariolées plutôt que rayées.

Bon anniversaire Madiba !

Rappelons le principe de ce weblog : montrer, à l'aide de petits échantillons, la diversité infinie du monde de la cartographie et des pays qu'elle représente..

31 décembre 2006

Grid

Dans mes bagages en retrant de Philadelphie, il y avait, devinez quoi ? Eh oui : des cartes. Et notamment un atlas des rues de la ville. Morceau choisi...


Le centre de Philadelphie, ADC Street Map Book Metro Philadelphia, carte 3590.
Taille de l'extrait : 14 cm soit 3,5 km.
Centre de l'image : 39°57'19" N, 75°09'36' W.

Je l'avais dit ailleurs : Philadelphie représente, historiquement, le premier exemple de ville planifiée suivant un plan en damier. Ce n'est pas le premier exemple de plan de ce type que je montre ici : Le plan L'Enfant pour Washington, D.C. est essentiellement une version monumentalisée de ce qui avait été fait à Philadelphie au siècle précédent ; les rues numérotées de Manhattan sont pratiquement devenues des noms communs ; j'avais montré par ailleurs les paradoxes du plan an damier dans le contexte d'un relief très accidenté à San Diego. par ailleurs, le plan de Kyoto, lui-même inspiré par les plan des villes chinoises depuis des temps immémoriaux, montre que ce type de plan n'a rien de spécifiquement américain.

Le damier, réflexe humain fondamental pour créer de l'espace humanisé là où il n'y a rien ? Sans doute : Pierre le Grand faisait de même pour établir ses villes-usines aux confins ouraliens de la Russie ; les légions romaines ne faisaient pas autrment pour établir leur camps en terre barbare, reproduisant cardo et decumanum de la cité latine idéale.

03 décembre 2006

Farewell

La pointe sud du Groenland se nomme cap Farewell. Farewell, ça se traduit par Bon voyage, ce qui dans un des coins les plus périlleux de l'Atlantique Nord est loin d'être assuré. Périlleux, parce que le courant peut y être violent - jusqu'à trois nœuds, dit ma carte, ce qui est énorme. En plus, ce courant a la particularité de descendre le long de la côte Est du Groenland, la plus froide, pour remonter ensuite le long de la côte Ouest : il charrie donc, même en été, de grandes quantités de glaces de mer, avec parfois en passagers involontaires des ours blancs. Les ours polaires que l'on voit épisodiquement dans le Sud-Ouest du Groenland arrivent donc du sud et non du nord. Ça ne les rend pas moins dangereux d'ailleurs.


Les environs de Julianhåb et du cap Farewell, Admiralty Chart 235, Davis Strait and South East Part of Baffin Bay.
Taille de l'extrait : 11,7 cm soit 278 km.
Centre de l'image : 60°29' N, 45°05' E.

Cette carte : c'est une de celles que j'avais commandées il y a quelques jour, la carte de l'Amirauté britannique couvrant notamment la côte Ouest du Groenland. Une carte à l'ancienne, avec profondeurs d'eau en fathoms et gravures annexes représentant le paysage côtier de certains passages clés. Carte cependant parfaitement à jour : la dernière correction en a été publiée le 9 septembre 2005 dans les Notices to Mariner de l'UKHO (United Kingdom Hydrographic Office).

Pourquoi je l'ai achetée, cette carte ? Pas pour naviguer, vu que mon brave voilier, bien que répondant à un nom groenlandais, ne serait pas à son aise dans les bergibits et les ice floes. Pour la regarder, tout simplement. Me rappeler de navigations passées. Et de galères, aussi : au fond d'un fjord, vous trouverez Nassarssuaq ; on y trouve un aéroport international, non marqué sur la carte. C'était sous le nom de Blue Jay l'une des escales des avions américains se rendant en Europe pendant la deuxième guerre mondiale ; c'est maintenant l'un des deux aéroports internationaux du pays, ainsi que l'une des bases principales de la patrouille internationale des glaces. J'y ai passé quelques jours dans une cabane en construction, en attendant un avion pour rentrer en Europe, complètement fauché. De vrais vacances, quoi...

Heureusement que même au Groenland il y a le téléphone, tiens.

26 novembre 2006

Quatre cantons

En l'an 1291, trois cantons des alpes suisses, Uri, Schwytz et Unterwald, font alliance pour contrôler la route du col du Saint-Gothard, aménagée depuis peu. Leurs voisins Luzern, Glaris, Zürich et Zug les rejoignent entre 1322 et 1352, formant le cœur de l'actuelle Suisse.

Au milieu de cet ensemble, un lac : le lac des Quatre Cantons - en Allemand Vierwaldstättersee, le lac des quatre cantons forestiers.


Le lac des quatre cantons d'après la carte routière de l'Automobile Club de Suisse, Kümmerley-Frey, 2005.
Taille de l'extrait : 17 cm, soit 46,75 km.
Centre de l'image : 46°56,1' N, 8°33,4' E.

Les quatres cantons en question, ce sont Lucerne au Nord-Ouest, Schwyz au Nord-Est, Uri au Sud-Ouest et Unterwald au Sud-Est. Enfin, techniquement, il s'agit du demi-canton de Nidwalden, Unterwalden étant divisé en deux demi-cantons autonomes, Nidwalden et Obwalden. Sur la date de cette division, les opinions diffèrent ; il est possible qu'Unterwald n'ait jamais formé une entité politique réelle.

Pays de montagne (3338 m à l'Oberalpstock, en bas à droite de l'extrait), où chaque vallée se sent maîtresse de son destin : les hasards de l'histoire ont fait parvenir jusqu'à nous ce souvenir d'un monde cloisonné. Sans en faire un modèle, on ne s'en plaindra pas.

19 novembre 2006

Une ville représentation

Beaucoup de ville contiennent des éléments de représentation du pouvoir qui y siège ; rare sont celles qui ont conçue comme telle. Washington, D.C., est un cas d'espèce : construite à partir de rien, son plan même est une allégorie du pouvoir fédéral.


Washington, D.C. Easy Finder, Rand McNally, 2003.
Taille de l'extrait : 12 cm soit 3,6 km.
Centre de l'image : 38°53,5' N, 77°01,3' W.

Au centre du système, le Capitole, siège du congrès, dont la coupole est visble d'à peu près toute la ville. Le gros trait noir à travers le Capitole, faut pas faire attention, c'est juste un pli de la carte. Juste derrière (donc à droite), la Court Suprême et la Bibliothèque du Congrès. De l'autre côté, la vaste esplanade du National Mall court plein Ouest jusqu'au Potomac - là se trouve maintenant le Lincoln memorial, lieu des manifestations monstres des années 1960-70.

Se raccorde en équerre sur le Mall une esplanade plus restreinte, l'Ellipse, sur laquelle donne la Maison blanche. Les deux principaux pouvoirs constitutionnels ne sont donc pas face à face mais ont des orientations perpendiculaires, symbolisant la séparation des pouvoirs.

L'hypothénuse de ce triangle rectangle est une artère carossable, Pennsylvania avenue, qui permettait aux deux centres de pouvoir de se voir mutuellement, rappel de leur interdépendance  n'oublions pas que la Constitution a été rédigée et signée à Philadelphie, en Pennsylvanie. Cette vue est maintenant coupée par le bâtiment construit après coup à l'Est de la Maison blanche et où siège l'administration des fianances - que les problèmes budgétaires soient venus brouiller la liaison entre l'Exécutif et le Législatif est somme toute parfaitement approprié...

Depuis, Washington est devenu une vraie ville, avec tous les problèmes afférents. Mais ce cœur est resté, représentation perpétuelle de l'État fédéral à l'usage de ses citoyens.

P.S. : les amateurs de photos n'ont qu'à duivre les liens qui les conduiront aux entrées correspondantes du blog « des photos et des jours » - avec mes photos, justement.

12 novembre 2006

Courbes de niveau en folie

Ce qui caractérise la topographie contemporaine, c'est l'usage de courbes de niveaux sur les cartes, plutôt que celle de l'ombrage des formes du relief - autrement dit, privilégier la restitution numérique précise de la troisième dimension par rapport à un rendu capable d'évoquer visuellement les paysages cartographiés. Mais il y a des cas où les courbes de niveau assurent elles-même l'ombrage...


Carte de l'Afrique du Sud au 1:50:000 : feuille 3321BC, Matjesvlei.
Taille de l'extrait : 16 cm, soit 8 km.
Centre de l'image : 33°20,1' S, 21°37,6' E.

Évidemment, là, comme ça, ce n'est pas complètement évident de comprendre ce qui se passe. Tentative d'explication...

On se trouve au cœur des montagnes du Swartberg, le plissement qui sépare les plateaux du Grand Karoo (au nord) et du Petit Karoo (au sud). Ce plissement court d'est en ouest, c'est à dire, ici, à l'horizontale. La chaîne principale est ici séparée en deux par une longue vallée parallèle au plissement, Gamkaskloof - qui doit bien être techniquement une combe anticlinale, mais ça n'a pas d'importance. Le chemin qui court en bas de l'extrait est l'unique route menant au bout de Gamkaskloof - le débouché sur la grand-route se trouve à 40 km vers l'est.

Par contre, la rivière Gamka prend un sérieux raccourci : elle a la drôle d'idée de tracerser la montagne perpendiculairement à sa ligne de crête. Du coup, ça donne cette percée spectaculaire (1000 m de dénivelé entre la crête et la rivière tout de même), une cluse pour les manuels de géographie physique. Et pour le touriste, un chié truc de fou !

05 novembre 2006

Un petit tour dans l'Hindu Kush

Tel est le titre français du livre le plus connu, sans doute à juste titre, de l'écrivain voyageur Eric Newby, décédé le mois dernier. L'amie qui m'apprenait cette disparition me suggérait naturellement un hommage cartographique mais je ne disposais d'aucune carte appropriée. Un petit tour, non pas dans l'Hindu Kush, mais à la boutique IGN de la rue de la Boétie, m'a permis de remédier tant bien que mal à cette situation - tant bien que mal parce qu'il faut bien le dire : les bonnes cartes de cette région du monde n'abondent pas, si tant est qu'il y en ait.


Map of Afghanistan and Surrounding Territory, Oxford Cartographers/Gizi Map, 2001.
Taille de l'extrait : 13,8 cm soit 414 km.
Centre de l'image : 36°38' N, 71°22' E.

A Short Walk in the Hindu Kush, c'est l'histoire d'un voyage, qui ne se passe d'ailleurs pas très bien, vers une des régions les moins connues d'un pays qui l'est toujours aussi mal, bien que faisant de temps à autres la une de l'actualité : Le Nouristan, dans le Nord-Ouest de l'Afghanistan. C'est en gros le secteur Sud-Ouest de l'extrait ci-dessus, pour l'intelligence duquel il convient de mentionner que les couleurs mauves, roses et blanches dénotent respectivement des altitudes supérieures à 4000, 5000 et 6000 m. Sur la droite de l'extrait, l'Hindu Kush rejoint les chaînes du Pamir et du Karakorum pour former le pignon occidental du complexe himalayen. Ajoutons pour corser les choses que six pays sont présents sur ledit extrait : l'Afghanistan, donc (le petit carré dans le coin inférieur gauche situe la ville de Kaboul), le Tadjikistan, anciennement soviétique, au dessus, le Pakistan, en bas à droite, le Cachemire indien juste à côté, et même un petit bout du Sinkiang chinois.

Eric Newby avait navigué avant-guerre pour un tour du monde à bord d'un des derniers voiliers en service commercial, puis fait la guerre en Italie dans les troupes d'élite du Special Boat Service britannique (ce qu'il n'évoque d'ailleurs que dans un ouvrage publié en 1994). L'ouvrage commence en 1955 lorsqu'un diplomate qu'il connait vaguement lui propose de partir explorer le Nouristan. Un tel voyage soulevant d'innombrables problèmes diplomatiques, on décide de prendre le prétexte d'une ascension : un sommet des environs, le Mir Samir (5.786 m, rien que ça) n'a jamais été escaladé avec succès - en pleine vogue des prouesses himalayennes, voilà l'alibi idéal. À ceci près bien sûr que ni l'un, ni l'autre ne sont des montagnards aguerris. Le livre raconte leurs déboires ; c'est un sommet du genre, à lire et à relire.

Les voyageurs ne racontent jamais que ce qu'ils veulent : on ne peut s'empêcher de penser qu'une telle expédition, en pleine guerre froide et quelques années seulement après la fin de l'empire anglais des Indes, ait d'autres motivations que la simple curiosité - surtout lorsque l'on connaît les antécédents militaires de Newby. Mais qu'importe : en se présentant comme un voyage gratuit, n'ayant d'autre but que « d'aller voir », le récit propose un rapport au monde en plein renouvellement. On n'est plus explorateur : il n'y a plus de blanc sur la carte ; l'expédition de Newby croise d'ailleurs sur les sentiers de montagne la litière d'un des derniers grands explorateurs anglais, Wilfred Thesiger, gravement malade, en train d'être rapatrié. On n'est plus colonisateur, non plus, en train de faire le tour du propriétaire - voilà bientôt dix ans que Lord Mountbatten, dernier vice-roi des Indes, a regagné l'Angleterre.

Avec Eric Newby, comme avec Nicolas Bouvier qui parcourt des routes semblables deux ans plus tôt, c'est un monde nouveau, un monde en mutation, qui apprend à se regarder. On en est toujours là.

22 octobre 2006

Insulaire caldera

Les volcans, même sur les cartes, c'est impressionnant. Il y a les cônes stromboliens parfaitement réguliers, comme le mont Fuji, dont la régularité même est une aberration cartographique. Il y a aussi les volcans irréguliers, avec leurs cratères et calderas multiples, résultat d'autant d'explosions : c'est le cas du volcan Kartala à Ngazidja, la Grande Comore.


Carte routière au 1:50.000, Archipel des Comores : Grande Comore, IGN, 1995.
Taille de l'extrait : 20,5 cm soit 10,2 km.
Centre de l'image : 11°45,7' S, 43°23,2' E.

2361m, qu'il culmine, l'animal. C'est pas énorme, sauf que la mer (qu'on distingue dans le coin près du village de Tsangadjou) est à moins de dix kilomètres. On note la densité des courbes de niveau, 20m de dénivelé chacune... L'autre grande île de l'archipel, Mayotte, a une toute autre physionomie avec ses altitudes modestes (500m et quelques il me semble) et son vaste lagon.

Autre île, autre culture, autre nationalité aussi - un referendum de 1974 avait décidé l'indépendance des Comores mais le « non » l'avait emporté à Mayotte. Le gouvernement français de l'époque (Chirac était premier ministre, déjà) décida donc que la validité du referendum devait être interprétée île par île, ce qui n'était pas prévu avant le vote, et Mayotte resta française. En dépit des protestations des Nations Unies qui considèrent que changer les règles du jeu comme ça, ça ne se fait pas. Si on ne peut même plus bricoler, de nos jours...

15 octobre 2006

Les trois directions de Manhattan

L'affaire est entendue : New York est une ville à trois dimension, une « ville debout ». On le dit, on le répète - c'est vrai par endroit : le financial district tout en bas de l'île de Manhattan, au niveau de Midtown, Time Square et l'Empire State Building et puis, ponctuellement, de part et d'autre de Central Park. Le reste de New York n'est guère plus élancé dans les airs que n'importe quelle grande ville, finalement.

Par contre, Manhattan connait trois directions : uptown, vers le nord-est et le Bronx, downtown dans la direction opposée, vers la pointe de l'île, et crosstown, vers le côté de Manhattan où vous n'êtes pas. On dit que les New-Yorkais de l'East Side prennent plus volontier un avion pour Chicago qu'un bus pour le West Side, et réciproquement...


Manhattan Bus Map, New York City transit, février 2004.
Taille de l'extrait : 15 cm, soit 3,9 km.
Centre de l'image  : 40°45,28' N, 73°58,16' W.

D'ailleurs, le plan de bus de Manhattan est très officiellement muni de cette rose des vents. Et l'on note que les moyens de transports permettent essentiellement de circuler sur l'axe uptown-downtown et beaucoup moins dans le sens crosstown. Pendant mon bref séjour new-yorkais, j'ai fait pas mal de kilomètres à pieds - soit uptown, soit downtown, jamais crosstown. New York est comme ça.

C'est ce que rappelait un journaliste de CNN l'autre soir (CNN était en panic mode ce qui permettait d'avoir le vrai contenu de CNN et non la soupe usuelle délayée de longuissimes spots pour les vacances en Egypte ou Thai Airwais qu'est CNN international) pour expliquer sa mauvaise connaissance de l'East Side. C'est là en effet qu'un joueur de l'équipe de baseball des Yankees au commandes d'un avion de tourisme en perdition n'avait pu éviter de rencontrer la verticalité de l'Upper East Side, une tour d'appartement de 50 étages, Yorktown Avenue & East 72 Street.

Et les New-Yorkais ce sont retrouvé plongés dans le jour où tout au bout du Lower West Side on avait cru pouvoir tuer leur ville, où on a tué 6000 d'entre eux. Mais New York est toujours là.

08 octobre 2006

Danakil

Sur le nord de la corne de l'Afrique, bien loin du cap de Bon-Espérance, on trouve un des paysages les plus désespérés de la surface de la Terre : le désert des Danakils. Je n'y ai jamais mis les pieds ; je me contente de la carte et des bandes dessinées d'Hugo Pratt !


International Travel Maps : Ethiopia (1:2.000.000)
Taille de l'extrait : 19 cm, soit 380 km.
Centre de l'image : 12°26' N, 40°50' E.

À l'ouest, les crêtes montagneuses du Tigray, avec ses sommets à plus de 4500 m et son haut plateau entre 1000 et 2000 m - l'un des foyers historiques du christianisme ethiopien. À l'est, la mer rouge, bordée par la chaîne modeste mais significative des « alpes danakil » - dont je ne pense pas qu'elles évoquent les pâturages helvétiques. Entre les deux, la dépression Danakil : des roches souvent nues, parfois couvertes de dépôts de sel, en dessous du niveau de la mer, sans aucun vent... Inutiles de dire que les températures battent des records.

Au sud, un peu en dessous de l'extrait, une barre montagneuse ferme ce triangle aride : les montagnes de Harar. Et en plein milieu, au nord de Serdo, sur la route nationale n°18, des anthropologues amateurs des Beatles avaient exhumé les restes d'un squelette vieux de trois millions d'années : Lucy.

01 octobre 2006

Bonne-Espérance

Une partie de ma cartothèque dont je suis assez fier : un lot de cartes d'Afrique du Sud, publiées par la direction générale de la topographie, au Cap. Des cartes de bonne qualité, plutôt bon marché ; non pliées, par ailleurs : je les garde dans un grand carton à dessins.


Carte d'Afrique du Sud au 1:250.000 : feuille 3318, Cape Town.
Taille de l'extrait : 18 cp, soit 35 km.
Centre de l'image : 34°6' S, 18°30' E.

Le Cap de Bon-Espérance : on le sait, ce n'est pas l'extrémité Sud du continent africain ; l'autre côté de la baie False est elle-même plus méridionale ; en suivant la côte vers l'Est, le cap Agulhas, ou cap des Aiguilles, est 45 km plus au Sud. Symboliquement, cependant, c'est Bon-Espérance qui marque la limite de l'océan atlantique et de l'océan indien, marqué par la montagne de la Table et ses prolongements. Sur la côte Est de la montagne de la Table, Wynberg, la montagne du vin : Bougainville disait grand bien du blanc liquoreux du Petit Constance - dont on a d'ailleurs repris la production, pas mauvais, le Klein Konstantia.

À l'Est de la baie False, en dehors donc de cet extrait, c'est Hottentots Holland : les hautes terres des Hottentots, qui, se prolongeant jusqu'à la mer, marquaient la limite orientale de l'enclave hollandaise du Cap. Entre celles-ci et la montagne de la Table, ce sont les Cape Flats, plaine de sable battue par les vents. Sur la côte nord de la baie False, on voit les réalisations démentielles des années 1980 : les quartiers géants de Mitchell's Plain, pour les Cape Coloured, descendants lointain des « Hottentos » et des premiers colons ; Mandalay, l'enclave de Mitchell's Plain réservé aux Asians (indiens ou malais) ; Khayelitsha, le township des Noirs, lorsqu'il est devenu impossible de maintenir la fiction de l'absence de Noirs dans la région du Cap. Entre ces immense zones d'habitations, parfois pavillonnaires, souvent des bidonvilles, les buffer zones destinées à séparer les populations.

Nous savons, en France, qu'il n'est pas facile de convaincre les gens de vivre ensemble ; lorsque les séparer a été l'obsession du pouvoir pendant quarante ans, il n'est pas simple de réparer les dégâts...

24 septembre 2006

Chacun sa carte

S'il devait y avoir une morale à ce blog, ce serait « à chacun sa carte », ou peut-être « une carte pour chaque chose ». Il n'y a pas de carte idéale, juste une carte correspondant à ce qu'on cherche. On peut être à la recherche d'un point d'eau dans le désert, d'un chenal dans une baie pleine de cailloux, ou de la nature des roches dans un certain coin ; essayer de comprendre le déroulement d'une bataille historique ou à naviguer dans les courants de marée : pour tout ces usages, il y a des cartes, avec les informations dont vous avez besoin.

C'est évidemment particulièrement le cas su vous êtes à bord d'un avion se déplaçant à 150 ou 200 km/h et qu'il commence à devenir urgent de se poser. Vous n'avez pas besoin de connaître les noms des rues, difficilement lisibles de là où vous êtes, et encore moins les courants de marées, dont vous souhaitez vivement ne pas devenir tributaire. Les services compétents (en France, le service de l'information aéronautique de la DGAC) publient donc de petites cartes comportant exactement les informations dont vous avez besoin.


Carte d'approche aux instruments (ILS/DME) de l'aéroport de Lannion.
Taille de l'extrait : 42×13 km.
Centre de la carte : 48°41' N, 3°16' W.

Notez que la carte représente pratiquement la même région que celle de la semaine dernière - pour être précis, celle-ci est légèrement au sud de celle-là - mais avec des informations bien différentes : il s'agit ici d'indiquer les fréquences et les procédures à un pilote qui voudrait atterir à Lannion (la piste est en haut à gauche) suivant les règles de vol aux instruments. les boucles en forme de piste d'athlétisme sont des circuits d'attentes, joliment baptisés hippodromes, pour patienter en cas d'embouteillage à l'arrivée. Particularité : ce type de trajectoire étant en trois dimensions, le cartouche inférieur donne une vue en coupe des circuits fixés par la procédure. La partie en pointillés, sur la carte comme dans le cartouche, c'est ce qu'il faut faire si on a loupé son coup ; ô surprise, ça implique de remonter.

Je précise bien sûr que je ne pilote que sur Flight Simulator, et encore, pas souvent. Ça n'empêche pas d'être curieux !

18 septembre 2006

Au courant

Les lecteurs de mon blog quotidien entendent régulièrement parler de courants de marée. Dans les régions de navigation que je fréquente, ces courants sont vifs, même s'il n'atteignent pas les sommets que l'on rencontre au large du Cotentin ou dans les passes de la mer d'Iroise - les plus violents, pour nos régions, se rencontrent au raz Blanchard, entre Alderney et le cap de la Hague. Tout de même, c'est un élément déterminant pour la navigation : aux heures de courant contraire, mieux vaut trouver un mouillage que de s'obstiner à faire route, surtout par petit temps.

Rien de plus agaçant en effet que de rester des heures à faire du sur-place ; on règle sa voilure, on barre au quart de poil, le speedo donne des vitesses honorables - et, en prenant un allignement à terre, on réalise que l'on n'avance pas voire que l'on recule. Je me souviens d'être resté une heure ou deux face à Trégastel, dans l'allignement d'une perche de balisage et d'un grand hôtel... Des courses au large se sont gagnées parce qu'un équipage avait eu le cran de mouiller l'ancre au milieu de la Manche par courant contraire.


Ouvrage 563-UJA du SHOM, Courants de marée, Bretagne-Nord, des Héaux-de-Bréhat à la pointe de Pontusval, 1999, p. 35.
Taille de l'extrait : 11,2 cm, soit 18,5 km.
Centre de l'extrait : 48°52,5' N, 3°29,5' W.

Une chose que l'on ne peut pas dire, c'est que ces courants soient imprévisibles. Ils s'inversent toutes les six heures, pas forcément au moment des hautes ou basses mers - c'est le cas à l'abord immédiat des côtes mais pas au large, ou la renverse de courant a lieu plus tard. Surtout, les services hydrographiques (notamment notre bon vieux service hydrographique et océanographique de la Marine) publient des atlas de ces courants, indiquant leur force et leur direction en fonction de l'heure et du coefficient de marée - ouvrages pratiques, sympas et peu onéreux que tout plaisancier devrait avoir à son bord, à mon humble avis.

L'extrait présenté ci-dessus représente la région de la Côte de granit rose à l'heure où les courants de flot (de marée montante, quoi) sont à leur maximum. Les flèches représentent la direction du courant, globalement d'Ouest en Est ; les courants de jusant portent d'Est en Ouest. Les petits chiffres donnent leur intensité : 2915, par exemple, signifie 2,9 nœuds par marée de vives-eaux moyenne (par convention, coefficient 95) et 1,5 nœuds par mortes-eaux (coefficient 45). L'ouvrage fournit une abaque pour trouver la valeur correspondant à un coefficient quelquonque ; dans le cas d'un coefficient de 115, comme l'autre samedi, ce courant est de 3,5nbsp;nœuds - sachant que la vitesse d'un bateau comme le mien oscille entre 3 et 8 nœuds suivant l'allure et la force du vent, encore moins quand il n'y a pas de vent, bien sûr.

Au fait, rappelons qu'un nœuds correspond à un mille nautique à l'heure. Je tire à vue quand j'entend un journaliste dire nœuds à l'heure ou, pire encore, prononcer maïle pour désigner notre bon vieux mille - la longueur d'un arc d'une minute de degré le long d'un méridien, soit 1.852 m. Ce qui veux dire que la vitesse de pointe de mon fringant coursier est de 15 km/h. J'assume.

18 juin 2006

Dimanche 18 juin 1815

J'interromps quelques minutes mes écrits historiques pour ce rappel historique :


Plaine du Brabant entre Ohain et Braine-l'Alleud.
Carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens levée à l'initiative du Comte de Ferraris.
Réédition : Bruxelles, Crédit communal, 1965.
Taille de l'extrait : 16 cm, soit 4 km.
Centre de l'extrait : 50°40' N, 4°24' E.

Je laisse la parole à Monsieur Hugo, Victor, de l'académie française.

Ceux qui veulent se figurer nettement la bataille de Waterloo n'ont qu'à coucher sur le sol par la pensée un A majuscule. Le jambage gauche de l'A est la route de Nivelles, le jambage droit est la route de Genappe, la corde de l'A est le chemin creux d'Ohain à Braine-l'Alleud. Le sommet de l'A est Mont-Saint-Jean, là est Wellington ; la pointe gauche inférieure est Hougomont, là est Reille avec Jérome Bonaparte ; la pointe droite inférieure est la Belle-Alliance, là est Napoléon. Un peu au dessous du point où la corde de l'A rencontre et coupe le jambage droit est la Haie-Sainte. Au milieu de cette corde est le point précis où s'est dit le mot final de la bataille. C'est là qu'on a placé le lion, symbole involontaire du suprême héroïsme de la garde impériale.

Le triangle compris au sommet de l'A, entre les deux jambahes et la corde, est le plateau de Mont-Saint-Jean. La dispute de ce plateau fut toute la bataille.

Victor Hugo, Les misérables, deuxième partie (« Cosette »), livre premier (« Waterloo »), chapitre IV (« A »)

Merci, M. Hugo. Tout est sur la carte : Mont-Saint-Jean sous le second B de « Brabant », le Cabaret de la Belle-Alliance en bas et,sur la gauche, les jardins à la Française de Hougomont.

Avec le recul de l'histoire, Waterloo est presque une péripétie : la fin de l'aventure des Cents Jours, confirmant les défaites de l'année précédente. Pour les hommes du XIXe siècle, c'est la victoire finale des émigrés soutenus par le reste de l'Europe, et qu'il faudra deux révolutions pour déloger. Pour eux, c'est la bataille qui définit l'époque dans laquelle ils vivent. Un peu le rôle que joue le jour le plus long du 6 juin 1944 pour l'époque contemporaine.

C'était notre chronique spéciale « histoire-bataille ». Je retourne à mes marchands de canons.

26 avril 2006

Vieilles forges

En complément de mon entrée de dimanche, un extrait de la carte IGN 0716 E (Belle-Ile-en-Terre) avec le site des anciennes forges de Coat-an-Noz.


La forêt de Coat-an-Noz et le site des anciennes forges, commune de Belle-Ile-en-Terre (22)
Taille de l'extrait : 11,5 cm, soit 2,9 km.
Centre de l'extrait : 48°32' N, 3°23' W.

Sur la moitié inférieure de l'extrait, la forêt, justement, et le château du seigneur du coin. En haut à gauche, juste en dessous du toponyme les Vieilles Forges, l'étang aval, où se trouvaient les ateliers métallurgiques ; ce que je crois être l'ancien haut fourneau se trouve en dessous de l'étang, au bord du sentier. En remontant la vallée, on tombe sur l'étang amont, qui avait sans doute le double rôle de renflouer l'étang aval en période de basses eaux et d'alimenter le cours d'eau des hauts fourneaux. À mi-chemin environ, là où la pente est la plus forte, se trouve l'entrée de la gallerie de mine de Toul Lutun, une fente dans le rocher, résultat de l'élargissement d'une faille dans le granit. Nettement en amont, à l'extrême limite de l'extrait, se trouve un dernier étang, plus petit que les autres. S'agit-il d'une réserve d'eau supplémentaire ou d'un étang piscicole (les petits étangs en forêt faisaient d'excellentes écloseries à poissons) ? Je n'en sais rien, il faudrait que j'aille y jeter un coup d'œil pour le savoir.

Évidemment, tout ce qui précède, ce sont de vagues spéculations issues d'une petite promenade sous la pluie... Si il y a des gens qui connaissent mieux le site, je serais curieux d'avoir leur avis.

16 avril 2006

Côte ouest

San Diego est une ville qui ne ressemble pas à son plan : pour une bonne part on y retrouve le quadrillage régulier qui caractérise les urbanismes nord-américains et sino-japonais (des XIXème et début XXème siècles dans le premier cas, depuis des temps immémoriaux dans le second). Du coup, ce qu'on ne voit pas, c'est que c'est un pays de canyons, que les interstices laissés libres par l'urbanisation sont généralement trop en pente pour être constructibles.


Thomas Street Guide San Diego : Hillcrest et Balboa Park.
Taille de l'extrait : 14,8 cm soit 3,3 km.
Centre de l'image : 32°44,7' N, 117°09,9' W.

Ainsi, les longues avenues de Hillcrest ondulent avec le terrain, tandis que le zoo, qui occupe deux canyons de Balboa Park, est muni d'escalators et même d'un téléphérique.

San Diego n'est pas notre première destination outre-atlantique, encore moins notre premier voyage lointain ; mais c'était du ciel bleu après des années très noires. Du coup, on se sentira toujours un peu San-Diéguois.

09 avril 2006

Vue du mont Fuji

Histoire de changer de continent, et comme dans ces innombrables estampes, une vue du mont Fuji.


Fuji-San, atlas Mapple du Japon, Simap, 1998, p. 77.
Taille de l'extrait : 21,5 cm soit 41 km.
Centre de l'image : 35°18,3' N, 138°46,2' E.

3 776 m d'altitude, émergent au niveau de la mer ; une forme cônique preque parfaite, ça se voit bien sur la carte. De quoi vous faire une icône nationale, ça, tiens.

Faudrait que j'aille y voir, un jour.

02 avril 2006

Lacs

Un peu de littérature, pour commencer :

La comtesse se mit à revoir, avec Fabrice, tous ces lieux enchanteurs voisins de Grianta, et si célébrés par les voyageurs : la villa Melzi de l'autre côté du lac, vis-à-vis le château, et qui lui sert de point de vue ; au dessus le bois sacré des Sfondrata, et le hardi promontoire qui séspare les deux branches du lac, celle de Côme, si voluptueuse, et celle qui court vers Lecco, pleine de sévérité : aspects sublimes et gracieux, que le site le plus renommé du monde, la baie de Naple, égale mais ne surpasse point.

Voilà le lac de Côme, vu par Stendhal (La chartreuse de Parme, chapitre 2). Griante (et non Grianta), province de Como, région de Lombardie : c'est là que se trouve l'embarcadère de Cadenabbia d'où l'on emprunte le traghetto pour Varenna, sur la rive Est, ou Bellagio, au bout du « hardi promontoire » en question. Le paysage est en effet extraordinaire - les quelques photos que je vous avais livrées, prises en juillet dernier, en donnent une modeste idée.

Voici un extrait d'une carte du Touring Club Italiano donnant quelque idée de ce lac bifurqué :


Touring Club Italiano, Carta Stradale d'Italia, foglio 2, Lombardia, 1:200 000.
Taille de l'extrait : 19,4 cm, soit 39 km.
Centre de l'image : 47°57,3' N, 9°10,6' E.

Les deux branches, vers Côme au Sud-Ouest et Lecco au Sud-Est ; à la pointe qui les sépare, Bellagio - Griante est juste en face, sur la gauche ; au nord, le lac s'enfonce vers les vallées alpines, Valteline qui file plein est vers l'Autriche, val Bregaglia qui rejoint Saint Moritz et la Haute Engadine, dans les Grisons.

Car nous sommes aux portes de la Suisse ; la frontière internationale (renforcée en vert sur la carte) traverse le lac de Lugano tout proche. Les magnifiques canots Riva en acajou verni qui sur ces lacs sont dans leur véritable élément en font autant, dit-on, au milieu de la nuit, transportant vers la rive helvétique des hommes trapus munis de petites malettes en crocodile bien remplies. Heureusement qu'il y a la Suisse pour nous rappeler, à nous autres européens unis, ce que sont les frontières.

26 mars 2006

Yatenga

Une carte que j'avais acheté dans une brocante quelquonque - j'ignore si elle a été réédité depuis son édition originale. Il s'agit de la région de Bobo-Dioulasso, dans l'actuel Burkina-Faso. La république de Haute Volta, au moment de la parution de la carte.


La marre aux hippopotames, à 50km au nord de Bobo-Dioulasso, Burkina-Faso.
Institut géographique national, carte de l'Afrique de l'Ouest, République de Haute Volta, feuille NC-30-XX.
Taille de l'extrait : 16 cm soit 32 km.
Centre de l'image : 11°37.4' N, 4°01' W.

Pour les lecteurs d'Amadou Hampaté Bâ, c'est la région de son premier poste, comme traducteur ; vous trouverez ça dans Oui mon Commandant, Mémoires, II. C'est l'Afrique de la savanne arborée, moins aride et moins plate que la grande plaine soudanaise (les courbes de niveau sont tous les 40m) ; zone de coexistence, depuis le moyen-âge, entre Islam et animisme. Le premier est principalement, dans cette région, la religion des commerçants Juula, ou Dioula, qui donnent la moitié du nom du chef-lieu ; les Bobos qui donne l'autre moitié du nom et qui ne sont ni bourgeois ni bohèmes, sont principalement animistes, parfois chrétiens, ce qui n'est pas nécéssairement incompatible.

Je n'ai jamais mis les pieds dans cette région - la région de Ségou, où j'ai été, est au cœur de l'univers soudanais (au sens large : cette bande de terre située entre désert et savanne, du Sénégal au Nil) qui comme je l'ai dit n'a pas grand chose à voir, sinon par la langue parlée par les Juula et qui ressemble à s'y méprendre au Bambara parlé à Ségou. Je me doute toutefois que la « forêt classée de la marre aux hippopotames » n'a rien d'une haute futaie - sans doute la végétation n'y est-elle guère différente de celle des environs. Mails il y a fort à parier que la marre en question soit un lieu sacré ; il convenait donc de la protéger, en usant des classifications administratives disponibles.

19 mars 2006

Découpages

Après le damier américain un coup d'œil au puzzle européen. J'ai cru comprendre que c'était la Saint-Patrick il y a peu, alors pourquoi pas un bout de carte d'Irlande ? Et plus spécifiquement, un petit bout du puzzle coloré des Counties du côté de la frontière de la République, au bord de la mer d'Irlande.


Irland, Große Reisekarte 1:500000, Ravenstein.
Taille de l'extrait, 12,7 cm soit 60 km.
Centre de l'image : 53°35,5'N, 6°35'W.

Oui, en Irlande comme aux États-unis, la circonscription de base, c'est le county (en Angleterre on parle plutôt de Shire, à pronocer cheurre et pas chaïeure, par pitié) - mais aux États-unis, on dit San Bernardino County et en Irlande County Meath. Allez comprendre.

Donc, ici, vous avez dans les différentes couleurs et séparées par des tiretés fins, les counties : de gauche à droite et de haut en bas, Monaghan, Armagh, Down, Cavan, Meath, Louth et un tout petit bout de Westmeath en bas à gauche. En tireté fin surligné en gris, les limites de province : en haut, Cavan, Monaghan, Armagh et Down font partie de l'Ulster ; en bas, Westmeath, Meath et Louth sont dans le Leinster - les amateurs de Rugby connaissent bien tout ça. En gros tireté alterné, la frontière d'États, entre république d'Irlande et Irlande du Nord : Cavan et Monaghan, comme Donegal dans le Nord-ouest lointain, font partie de la province d'Ulster tout en étant dans la République alors qu'Armagh et Down font bien partie du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.

Ici, dans les collines verdoyantes, un petit bout d'histoire congelée, dont plus personne ne sait au juste quoi faire, ni la République en plein boom économique, ni la Grande-Bretagne qui a franchement d'autres chats à fouetter. Mais une fois qu'une frontière est posée, si arbitraire soit-elle, elle prend une existence propre - elle ne disparaît pas si facilement. Près de 85 ans plus tard, celle-ci n'a pas bougé d'un pouce.

12 mars 2006

Échiquier

Allez, je continue sur mes atlas tous neufs de l'ouest américain. Je parlais dimanche dernier des grands espaces vides, ou presque - mais je n'ai pas évoqué la question de qui l'administre et qui l'utilise. Parce que malgré tout, on y fait de l'élevage, avec certes des concentrations de bétail extrêmement faibles, et d'ailleurs strictement réglementées.

À noter que les droits de paturage ne corresponde pas forcément (et correspondent même rarement) à la propriété de la terre ; d'ailleurs, une part importante de ces terres font partie du domaine public. Domaine public, ça veut juste dire que ce n'est pas de la propriété privée, mais ça peut correspondre à une douzaine de statuts différents, suivant que la terre dépend d'une réserve indienne, du Bureau of Land Managment, du U.S. Forest Service, du Bureau of Reclamation, de l'État, de l'armée, sans compter parcs nationaux et réserves naturelles... Du coup, l'atlas de l'Arizona - qui a une bonne moitié de son territoire en Public Lands - double les cartes topographiques par des cartes du statut des terres. Et ça donne quelque chose comme ça :


Arizona Road & Recreation Atlas, carte au 1/400 000, page 70, Benchmark Maps, 2004.
Taille de l'extrait : 8 cm, soit 32 km.
Centre de l'image : 34°56,5'N, 110°18'W.

Au nord de l'image, c'est assez simple : c'est la grande réserve navajo, la plus grande du pays, bien connue des lecteurs des polars de Tony Hillerman (on les a tous). Mais en bas, ça se complique : les petits carrés ne sont pas là pour décorer mais représentent bel et bien des statuts différents : quelques enclaves navajo autour de Black Butte, des zones de wilderness du Bureau of Land Managment (en jaune) et des terres de l'État d'Arizona (en bleu). Le reste, en gris clair, ce sont des terres privées. C'est le résultat de ce qu'on a appelé le checkerboarding, le découpage en damier : pour financer la construction des lignes de chemin de fer transcontinentales (on voit en bas à gauche un bout de la ligne de l'ancien Atchinson, Topeka and Santa Fe, qui relie Chicago à Los Angeles) mais aussi pour encourager la colonisation, un acte du Congrès divise les terres « vides » en un damier dont les cases feraient un statute mile de côté ; la moitié des cases restent publiques, les autres sont mises en vente. Évidemment, pour compliquer les choses, la partie publique des terres a été par la suite partagée entre de nombreuses administrations, qui parfois se partagent la même case du damier. Les situations juridiques crées sont souvent inextricables, on s'en doute.

Une fois de plus (et ce pourrait être la devise de ce blog), il y en a, des choses, sur une carte, quand on regarde bien !

05 mars 2006

Chevaux sauvages

Parmi les livraisons récentes d'Amazon, des atlas pour les États américains de l'Arizona, du Nevada et de l'Utah - non que j'aie l'intention de m'y rendre dans un avenir proche, mais parce que comme j'avais dû le dire plusieurs fois, j'aime bien les cartes, et puis ça complète élégament l'atlas de Californie que j'avais dans la même collection. Tiens, il faudrait que je fasse une commande à l'équivalent sud-africain de l'IGN, pendant que j'y suis : j'aime bien leurs cartes.

Le Nevada, ce ne sont pas seulement les casinos de Las Vegas ou de Reno, même si l'agglomération de Las Vegas rassemble maintenant, me semble-t-il, plus de 80% de la population de l'État ; ni les vues romantiques sur le lac Tahoe, à la frontière californienne, première destination des voyages de noce américains. Ce sont surtout les immensités désertiques, celles que Luky Luke fait traverser aux vaillants pionniers (« Mr. Luke, on ne dit jamais non à Edna »), et qui donnent à l'Interstate 50 entre Ely et Fallon le titre de Loneliest Highway in the U.S.A. Et encore : dans ces coins-là, par définition, il y a une route, ce n'est pas le cas partout.


Nevada Road & Recreation Atlas, carte au 1/280 000, page 34, Benchmark Maps, 2003.
Taille originale de l'extrait : 14,5 cm soit 40,6 km.
Centre de l'image : 41°35'N, 116°42'W.

Ici, dans l'Owyhee Desert, vous pouvez faire 60 km vers l'est ou vers l'ouest sans rencontrer de route goudronnée ; et n'essayez pas de partir vers le nord, vous n'en trouverez pas avant les environs de Boise, Idaho, à 150 km. Les routes en pointillé épais sont, d'après la légende, unpaved roads ou four-wheel drive roads ; en pointillé fin other trails. Quelques mines, quelques puits et, au milieu de tout ça : Wild Horse Viewing Area.

Bienvenue au Far West.

04 février 2006

Un lac ?

Première nouvelle entrée de ce weblog depuis son aménagement ici - sur son principe, voir la première entrée, que j'a transférée depuis 20six. Je le concevais à l'origine comme à peu près hebdomadaire mais le moins qu'on puisse dire est que ce rythme n'a pas été tenu. Il est vrai que, alors que je transporte ma collection de photos en permanence avec moi (sur le disque de l'ordinateur portable), c'est loin d'être le cas de ma carthotèque. Du coup, écrire une entrée ici suppose que je sois chez moi avec du temps pour scanner et un minimum d'inspirations, condition qui sont loin d'être toujours réunies.

Voici en tout cas un bout de carte qui me pose problème : pour bien des cartes, j'ai une idée (vraie ou fausse) du paysage qui lui correspond et là, je n'y arrive pas. Du tout. Pas la moindre idée de ce que ça peut donner.


Carte internationale du monde 1/1 000 000, feuille ND-33 (N'djamena), IGN, 1969.
Taille originale de l'extrait : 11,5cm, soit 115km.
Centre de l'image : 13°11'N, 14°56'E.

Il s'agit de l'extrémité Est du lac Tchad, juste au nord de N'djamena ; le fleuve qui se jette dans le lac en bas à gauche est le Chari, qui marque la frontière entre Tchad et Cameroun. Les teintes jaunes marquent les zones ensablées.

Alors, à quoi ça ressemble ? Une vaste plage à marée basse ? Un champ de dunes ennoyées ? Des cartes plus récentes laissent d'ailleurs penser que de lac réellement en eau, il ne reste guère aujourd'hui que la zone bleu uni où sont les lettres A et D de « lac Tchad. »

Il y a toujours de l'histoire dans la géographie : pour les colonisateurs de l'époque du scramble - les années 1880 - le lac Tchad était une véritable méditerrannée africaine, et un domaine colonial qui n'y aurait pas accès serait condamné à un irrémédiable enclavement. C'est pourquoi qutre États post-coloniaux se le partagent, Niger, Tchad, Nigéria et Cameroun trace de la véritable coursent que se livrèrent Anglais, Français et Allemands vers ses rives. Pour réaliser sans doute, à peine y étaient-ils arrivés, que ce n'était peut être pas la peine de courrir pour ça.

Dans les vastes débats que l'on entend de ci, de là, sur la colonisation, on oublie généralement ceci : que la colonisation de l'Afrique a été décidée sur des coins de table, par de petits groupes en marge des cabinets gouvernementaux, sur la base d'informations imprécises et dans des buts mal définis. Ce n'est qu'après coup que les gouvernements ont récupéré le bébé et se sont posé la question de savoir ce qu'il fallait en faire...

03 décembre 2005

Dracula Trail

J'en parlais dans mes deux dernières entrées : ça vaut bien une carte. D'autant que ça fait beaucoup trop longtemps que je n'ai pas alimenté cette rubrique, qui souffre de la concurrence de sa rivale quotidienne - mais bon, m'y revoici. Et voici donc la ville de Whitby :


North York Moors, Eastern Area, Ornance Survey, Outdoor Leisure 27, 1993.
Taille originale de l'extrait : 16cm, soit 4km.
Centre de l'image : 54°28,5'N, 0°36,4'W.

L'abbaye se trouve sur la rive droite de la rivière Esk, sur le petit promontoire qui surmonte le port et la mer, tout près du centre-ville en effet (les quadrillages bleus sont espacés d'un kilomètre). On ne distingue pas bien les altitudes, les courbes de niveau étant très serrées le long de la côte ; cependant, la cote portée à côté de l'abbaye est de 58 mètres. La falaise fait donc ses cinquante mètres, ce qui commence à être respectable.

Un chemin côtier part du port pour rejoindre l'abbaye puis longer le bord de la falaise : le Dracula Trail - tout ça parce que, comme vous l'avez lu peut-être dans mon entrée de jeudi soir, c'est à Whitby que Bram Stoker fait débarquer le vampire Dracula sur les côtes anglaises... Je ne sais rien des liens qu'avait Bram Stoker avec Whitby, pas plus que de ceux de Gaston Leroux avec Perros-Guirec, où se déroule le chapitre VI du fantôme de l'Opéra. Une différence : Stoker connaissait manifestement fort bien Whitby, comme le montre la description dont je donnais un extrait ; pour Leroux et Perros, c'est beaucoup moins clair : quand on connait les lieux, on n'e s'y retrouve pas, rien ne colle, ou alors très approximativement... À mon avis, rien là dedans qui ne soit sorti d'un atlas et d'une quelquonque carte postale - en noir et blanc bien sûr, ce qui explique que l'église de Perros (entièrement de granit rose) soit affligée d'une blancheur sépulchrale.

Qu'en déduire ? Que Stoker et Leroux, quoi que de la même génération, n'ont pas le même rapport au paysage, simple décor pour l'un, allégorie en dimension réelle pour l'autre ? Ou bien, tout simplement, que Leroux n'est qu'un feuilletonniste qui tire à la ligne, alors que Stoker est un vrai écrivain. Ou encore que Bram Stoker pratique, dans cette description, le dédoublement narratif cher à Conrad : c'est Mina Murray, son personage, qui est censée écrire cette description ; on y trouve donc tout un état d'esprit, qui est celui du personnage-narrateur et non de l'auteur.

Question : le fait d'avoir diné chinois avec une pleine tablée de spécialistes des littératures de langue anglaise m'a-t-il exposé à la contagion ?

24 avril 2005

Kyoto

Histoire d'acompagner ma série d'entrées sur le Japon en général et Kyoto en particulier, un petit extrait de la carte de Kyoto offerte par l'office du tourisme. Il s'agit du sud-est du centre ville,avec la gare et les quartiers de Shimogyo et Nakagyo sur la rive droite de la Kamo et Gion sur l'autre rive.


Tourist map of Kyoto Nara, 1:24 000, JNTO 1998.
Taille originale de l'extrait: 12,5cm soit 3km.
Centre de l'image : environ 35°00,8' N, 135°46,5' E.

n y voit le quadrillage parfait d'une ville à la chinoise se distordre et disparaître au contact de la montagne. On y voit les innombrables temples, autels, musées, parcs, de cette partie de Kyoto - le Sanjsangendo, par exemple, en bas, à peu près au centre, qui abrite mille et une statues de la déesse Kannon. On y voit aussi le quartier où vit l'ami cher qui est parti vivre là bas il y a plus de douze ans maintenant.

Voilà. C'est malin. J'ai envie d'y aller maintenant.

02 avril 2005

Marine

Voilà un moment que je n'avais pas alimenté cette rubrique. Non que les cartes ne m'intéressent plus... Mais voilà, j'avais très envie de mettre un fragment de carte marine, et mes cartes marines étaient restées à bord. Je les ai ramenées lundi dernier et... voilà :


Carte du SHOM n° 7095 S : Baie de Morlaix, de l'île de Batz à la pointe de Primel.
Taille de l'extrait : 16,4cm soit 3,3km.
Centre de l'image : 45°41'N, 3°52'W.

Un tout petit morceau d'une carte très détaillée, celle qui couvre l'entrée de la baie de Morlaix. J'avais donné quelques photos de cette zone, je crois. Ce sera le prétexte à détailler un peu ce qu'on trouve sur une telle carte.

Une carte marine tente de rassembler toutes les informations utiles à la navigation. Sa légende est donc complexe ; d'ailleurs, elle figure dans un ouvrage séparé d'une centaine de page, l'ouvrage 1D du service hydrographique et océanique de la marine (SHOM).  Quelques éléments tout de même :

  • les couleurs : les terres émergées apparaissent en sépia, avec des courbes de niveaux ; l'estran (zones couvertes par les plus hautes mers et découvertes par les plus basses) en gris-vert, les eaux peu profondes (ici, moins de 10m) en bleu, le reste de la mer, en blanc.
  • les altitudes et profondeurs : sur les terres émergées, on a affaire à des altitudes, indiquée en caractères droits en utilisant le référentiel des altitudes utilisé par l'IGN, qui correspond, pour simplifier, au niveau moyen de la mer. Exemple, l'île Stérec, en bas à droite, culmine à 33m. Toutes les autres mesures sont des sondes, notées en caractères inclinés ; elles indiquent la hauteur d'eau par rapport au niveau de la plus basse mer théorique possible, le « zéro des cartes, » données en mètres et décimètres : une sonde à 10,40m en dessous du zéro hydrographique sera notée 114. En ce qui concerne l'estran ou des roches découvertes à marée basse, les sondes sont soulignées pour exprimer qu'elles doivent se compter au dessus et non au dessous du zéro hydrographique. Tout à fait en bas à droite de l'extrait, on a une sonde découvrante de 3,30m : 33. Un copain s'était joliment tanké un banc de sable pour n'avoir pas vu le souligné... Par ailleurs, lorsqu'une sonde est inscrite à côté du point qu'elle mesure, dans le cas d'une roche par exemple, elle est indiquée entre parenthèses.
  • les marques de balisages : Toutes les bouées, perches et tourelles sont portés sur les cartes par un signe caractéristiques du type de balise correspondant. Par exemple, les rectangles noirs surmontés d'un triangle sont des tourrelles latérales tribord (vertes surmontées d'un cône dans la réalité).
  • les phares sont représentés par une petite étoile affublée d'une sorte de flame violette. Il y en a deux ici, dans le bas de l'extrait, l'île Louet et l'île noire. Ils sont accompagnés de leurs principales caractéristiques, ainsi, pour l'île noire : « Oc (2) WRG.6s15m11/8M ». En bon français : Deux occultations sur un cycle de 6 secondes (autrement dit deux extinction, le phare étant allumé le reste du temps) ; feu blanc, rouge ou vert suivant d'où on le regarde ; foyer à 15m au dessus de la haute mer moyenne, visible si le temps le permet à 18 milles nautiques (pour le blanc) et 11 milles (pour le rouge et le vert). Les secteurs colorés sont indiqués en pointillés sur la carte.
  • des indications de navigation et en particulier des alignements. Ainsi, le trait noir presque vertical qui passe entre l'île ricard et l'île aux dames représente le grand chenal : c'est la route que l'on suit en gardant le phare de l'île Louet alligné sur le phare de la Lande, sur la terre ferme, plus au sud. Juste à l'ouest de Ricard, une succession de segments marqué A, B et C donne un autre chenal, plus compliqué à suivre mais plus profond.

À bien y regarder on verrait d'autres choes encore : des repères renvoyant à un tableau des courrants de marées, des indications de réserves ornithologiques, des marquages de mouillages recommandés... Sans compter les têtes de roche, émergées ou non, les épaves...

Ah, oui, un truc qui troube généralement le terrien : en principe, une carte marine n'a pas d'échelle. En effet, en projection de Mercator, l'échelle n'est pas identique du nord au sud de la carte. Pour mesurer une distance, on la relève au compas à pointe sèche et on la reporte sur l'échelle des lattitude, sur un des bords latéraux de la feuille, à la hauteur à laquelle on fait sa mesure. Une minute de degré le long d'un méridien étant par définition un mille nautique, on a tout de suite le résultat... Évidemment, pour une échelle aussi grande, le scrupule est superflu : l'erreur serait si mes calculs sont bons de 4 pour 1000 entre le bord nord et le bord sud de la carte... Mais n'empêche, il n'y a pas d'échelle autre que celle des lattitudes.

Il y en a de l'info là dedans pour celui qui sait la lire !

10 février 2005

Grand Nord

C'est une entrée d'annieday qui, combiné avec une sérieuse insomnie, m'a incité à me replonger dans les cartes de l'Arctique tirée de mon atlas (le Times Atlas of the World, encore un chouette cadeau de ma chère moitié). Il s'agissait alors de retrouver une île mystérieuse d'après une photo satellite, île qui semblait passablement arctique vu la quantité de glacier qu'on y voyait. première carte consultée, donc, la planche 48 dudit atlas :


« Arctic Ocean : Greenland Coasts », Times Atlas of the World, Bartholomew, 1997, pl. 48
Taille originale de l'extrait : 12cm, soit 1.500km.
Centre de l'image : 76°N, 82°W.

On est bien au nord du point le plus au nord où j'ai traîné mes bottes, dans les lattitudes des bouquins de Mallaurie et de la recherche du passage du Nord-ouest...

L'île rechercée, c'était Bylot Island, à côté de Pond Inlet, tout au nord de la baie de Baffin. Il paraît qu'à côté de ces coins-là, la côte ouest du Groenland, c'est la Riviera.

Pas sûr que Bylot Island soit ma prochaine destination estivale...

21 janvier 2005

Pays d'amis

J'ai fait le compte : j'ai à peu près 120 cartes pliées dans ma boite à cartes, sans compter les cartes marines (qui sont à bord du bateau) non plus que les atlas, ni les cartes non pliées (dans un grand carton à dessin). On peut classer ces cartes en deux grandes catégories : d'une part les villes ou pays où je suis allé et dont les cartes m'ont effectivement servi à m'orienter (sauf bien sûr si j'ai acheté la carte après coup -- ça c'est vu) ; d'autre part les cartes de pays où je n'ai jamais mis les pieds et où je n'ai pas particulièrement l'envie de me rendre, cartes achetées pour compléter des lectures (les marais de la Sangha par exemple) ou par simple curiosité (genre, le lac Tchad).

Il y a tout de même une catégorie intermédiaire : les pays des amis. Dont on m'a parlé, avec des images et des souvenirs dans les yeux, tant et si bien que ce n'est plus tout à fait un pays abstrait sur la carte, ou un pays qu'on ne connait que par des lectures ou, pire encore, des films ou émissions de télévision.

Ces pays d'amis, je les regarde sur sur la carte et  je sais que pour eux ces montagnes ou ces routes sont des trajets, des paysages, de la vie.

Alors, en cette période de fête pour les musulmans, un petit cadeau pour une amie à qui ce blog doit beaucoup et pas seulement des commentaires réguliers :


Carte touristique du Maroc, 1:1 000 000, IGN, 1996.
Taille originale de l'extrait : 15cm, soit 150km.
Centre de l'image : 32°30'N, 1°30'W.

Voici Figuig, aux portes du désert, à la limite du Maroc et de l'Algérie, ville berbère et point d'escale sur la route historique des caravanes longeant les contreforts sud de l'Atlas. Mais ce n'est pas moi ici qui peut en parler le mieux.

15 janvier 2005

Terrain

Beaucoup de cartes sont belles, et pas seulement les plus anciennes. Mais parmis les plus spectaculaires, sans aucun doute, les cartes géologiques du bureau de recherches géologiques et minières et leurs couleurs à la fois vives et harmonieuses, fonction de la nature du sol : des verts pour le crétacé, bleus pour le jurassique, violets pour le trias ; orange pour les roches volcaniques, sépia pour les dépôts du tertiaire ou du quaternaire... une histoire de la Terre, tout en couleur.

J'ai choisi un extrait aux couleurs modestes, mais représentant un lieu maintenant familier aux habitués de ce blog : c'est en grande partie là que mes fabricants de canons récoltaient et préparaient leur minerai.


Carte géologique de la France à 1/50 000, feuille 710, Montbron, 1985.
Taille originale de l'extrait : 10cm, soit 5km.
Centre de l'image : 45°35,8'N, 0°28,5'E.

En bleu, des clacaires du Callovien et de l'Oxfordien, de la bonne pierre de taille, sans le moindre soupçon de minerai ; celui-ci ne se trouvait que dans les dépôts plus récents, peu épais, qui apparaissent en beige sur la carte. Un ingénieur des Ponts et Chaussées du XVIIIème siècle reprochait aux Angoumoisins leur peu d'empressement à creuser des galeries de mine pour exploiter le fer, laissant entendre que, vu la richesse de ce qu'on trouve à la surface, s'ils n'étaient pas trop paresseux pour creuser, les résultats seraient époustouflants. Sauf que si on creuse, on arrive tout de suite dans les terrains "bleus", et ça ne rendrait rien du tout.

Bon, il a une excuse : il n'avait pas la carte du BRGM.

09 janvier 2005

La bande de Caprivi

Voici une rubrique que j'avais envie de créer depuis longtemps. J'aime les cartes, j'essaye d'en ramener d'un peu partout où je vais. Alors, de même que ce weblog était né de l'envie de partager mes photos, cette rubrique va essayer de faire partage ce goût.

Ce sera donc mon petit département des cartes et plan : anciens, récents, de tous les continents, je vous donnerait de petits extraits de cartes  pour montrer leur diversité. Pas forcément des coins où j'ai été, pour le coup : je dois reconnaître que j'ai vu plus de cartes que de pays ! Chaque entrée sera illustrée par un carré de 480 pixels de côté extrait d'une carte : ce ne sera donc pas une carte, mais une illustration de carte.

Histoire de commencer par un coin où je n'ai franchement pas mis les pieds : la bande de Caprivi, au nord-est de la Namibie.


Extrait de Hildebrand's Travel Map 32, Southern Africa, 1996.
Taille originale de l'extrait : 21 cm, soit 525 km.
Centre de l'image : 17°16'S, 23°22'E.

Au nord, ce sont les plaines inondables du Zambèze, en Zambie. Au sud, le delta de l'Okavango et le désert du Kalahari, au Botswana. A l'est, les chutes Victoria, a la frontière de la Zambie et du Zimbabwe, les deux anciennes Rhodésies. Et le territoire à la forme pour le moins exotique au milieu, c'est la bande de Caprivi, du nom du général allemand qui succéda Bismark à la chancellerie allemande, signataire d'un accord anglo-allemand de partage de l'Afrique. L'Allemagne obtenait par se traité un accès au Zambèze grâce à ce minuscule corridor (25 km de large) tracé dans des zones qu'on connaissait à peine -- ce qui n'empêchait pas de se les partager.

L'accès en question se révèlera sans le moindre intérêt, à part de faciliter jusqu'à aujourd'hui le travail aux trafficants multiples et variés. Mais sur les cartes des chancelleries européennes, ça devait paraître tout à fait judicieux.

Moralité : se méfier des cartes. Et des diplomates.

[ N.B. : cette rubrique est la première à être complétée par mes pages persos. Cf. http://le.plume.free.fr/cartes/. A terme, chaque rubrique aura ses pages.]